Quand j’ai pris la décision de transmettre La Cave de Bacchus et de liquider mes droits à la retraite en ce mois d’avril 2021 ( je viens d’avoir 63 ans pour lever toute interrogation sur mon âge) je me suis refait le film de ces 26 années de parcours professionnel. Et c’est vraiment ce sentiment d’avoir été à la fois réalisateur et acteur d’un long métrage qui m’habite aujourd’hui. Aussi, me faut-il à la fois trouver une fin au scénario et une belle sortie d’acteur. Peut-être le plus difficile à réussir ? En tout cas le plus délicat à mettre en forme ! 1/ Le metteur en scène et la fin du film : j’aime bien le mot «transmettre » car la notion de possession n’est pour moi qu’illusoire si elle ne se matérialise que par un chèque et un acte de propriété. Donc le film ne se clôturera pas par le mot « FIN » mais plutôt « FIN DE L’ACTE 1 ». A cette seule différence que dans le vrai cinéma généralement on ne change pas, d’un acte à l’autre, de metteur en scène. Le film va donc connaître un nouveau metteur en scène qui n’est autre que mon premier assistant actuel, j’ai nommé Simon Boutet. Ainsi mon désir profond de passer le relais en transmettant bien plus qu’un simple bien matériel se réalise. Simon, pendant près de cinq ans, m’a prouvé par ses capacités, son écoute, son engagement, sa compréhension et son adhésion à la mise en scène du film, que je pouvais lui donner les clés pour en réaliser l’acte 2. Certes, il apportera sa patte et changera peut-être certains décors, fera appel à de nouveaux acteurs, inventera de nouveaux personnages, de nouvelles intrigues. Mais je sais qu’il le fera dans la continuité et dans l’esprit du film proposé durant l’acte 1. La solution est donc trouvée et actée. Le film continue telle une série. Longue vie à « La Cave de Bacchus », un long métrage dont le premier acte se termine le 31 mars à 18h après 25 ans et 6 mois sur vos écrans. Ne ratez pas le début de l’acte 2 qui débute le 1er avril pour une durée indéterminée que je souhaite la plus longue possible au nouveau réalisateur Simon Boutet. 2/ L’acteur et sa sortie : je n’aime pas le mot « retraite » car c’est un mot qui dans notre inconscient rime souvent avec « défaite ». Ne dit-on pas d’un chef des armées quand il perd une bataille qu’il « bat en retraite » ? Donc, même si dans la « vraie vie » le citoyen, que je suis, fait valoir ses droits à cette mal nommée « retraite », l’acteur lui, dans la tradition « mourra sur scène ». Car je quitte un rôle tenu pendant près de 26 ans pour jouer dans un autre film, celui du reste de ma vie. Certes, ce rôle dans « La Cave de Bacchus », j’ai adoré le jouer, transmettre (décidément je l’aime bien ce mot !) mon savoir, mon vécu, mes émotions à ce public que j’ai profondément aimé. Je suis passé par toutes les émotions et mon public aussi. Car être acteur dans le film « La Cave de Bacchus » ce n’est pas banal. Ici le texte n’est pas écrit et récité immuablement chaque jour. Ici c’est le bonheur pour l’acteur. Il improvise dès que le rideau se lève, il joue une nouvelle scène sans connaître à l’avance le déroulement de la journée. Le téléphone peut sonner à tout moment, un vigneron peut entrer en scène avec ses bouteilles sous le bras pour une dégustation impromptue, un livreur peut débouler avec sa palette sur le trottoir, tout peut arriver et c’est génial car aucune journée ne ressemble à une autre. Et puis il y a le public ! A la grande différence d’un film projeté sur écran , ici le public participe au film, il s’invite sur l’écran noir et il joue son rôle. Un film interactif en quelque sorte. Et quoi de plus réjouissant pour le public que d’être cité au générique ? Et si aujourd’hui le film est un succès qui ne se dément pas c’est grâce à ce public qui a été au fil du temps de plus en plus nombreux à venir jouer avec nous, à nous donner la réplique, à nous apporter sourires, joies et quelquefois peines. Cher public, je vous regrette déjà car vous m’avez porté, vous m’avez élevé humainement en me permettant de concrétiser un rêve un peu fou. Derrière l’acteur essaye de se cacher un être humain qui vibre à vos émotions. Merci de m’avoir fait confiance… Mais comment jouer et réussir une scène sans décor et accessoires ? Le décor du film sera planté dans un premier temps au 5 rue Boussingault de 1995 à 2009 puis au 10 rue Alain Fournier de 2009 à aujourd’hui. Les accessoires sous forme de bouteilles ont été fournis par nombre de vignerons(nes) qui pour certains(nes) sont là depuis le début du film. Et eux aussi participent au film, en permettant à celui-ci d’exister mais également en «guest-stars » faisant des apparitions remarquées lors des Salons de Bacchus. Les vignerons(nes) sont donc essentiels à la réussite du film. Ce fut un honneur et j’ai pris un immense plaisir à raconter leurs bouteilles, histoires, régions, terroirs, visions… bref leur univers. J’ai pu mesurer qu’avec eux le champ des possibles était infini et que le film « La Cave de Bacchus » était riche de leurs différences. Sans eux rien n’aurait pu être possible et je me suis régalé à retrouver dans l’œil du public l’émotion procurée par la goutte de vin enfantée par le(a) vigneron(ne). Alors maintenant comment l’acteur peut-il réussir sa sortie ? Pas facile en période de crise sanitaire d’organiser quelques réjouissances que ce soit. D’autre part je suis dans la vie quelqu’un de discret et j’aime la simplicité et les choses vraies. Donc les honneurs, très peu pour moi… La sortie ne sera pas, de fait et de circonstances, grandiloquente et fastueuse. Désolé… Par contre il est important de choisir une date symbolique pour quitter un rôle et pour en endosser un autre. Je quitterai donc mon rôle le 31 mars et enfilerai un nouveau costume le 1er avril. Ah !! le 1er avril, date géniale pour semer le trouble. L’acteur ne continue-t-il pas à jouer son rôle ? Ne serait-ce pas un faux départ déguisé en gros poisson tel l’acteur mettant en scène son clap de fin pour mieux renaître de ses cendres quelque temps plus tard ? Et si tout ceci n’était qu’une vaste blague ? Voilà j’ai trouvé ma sortie ! 1er avril : Poisson ou pas poisson ? Réponse : le 1er avril avec la découverte du casting de l’acte 2 du film « La Cave de Bacchus ». Un dernier mot : ce rôle de metteur en scène et d’acteur dans ce film « La Cave de Bacchus » n’est nullement un rôle de composition. J’y ai joué le plus sincèrement du monde mon propre rôle, celui que je suis au quotidien. Les émotions n’étaient ni feintes ni jouées. J’espère vous avoir touchés car pour moi « l’humain » est, avec ses faiblesses, ses forces, ses qualités, ses défauts , essentiel à mes yeux. Je finirai par cette belle citation de l’un de mes auteurs préférés (que je vais désormais avoir le loisir de relire ) : “Ce qui m’intéresse, ce n’est pas le bonheur de tous les hommes, c’est celui de chacun.” Boris Vian |
3/ Générique du film : |
Remerciements : A mes associés Nadine, mon épouse adorée qui m’a soutenu et épaulé et sans qui ce film n’aurait pu exister. Bruno, mon frangin qui a toujours été là quand il le fallait avec Nicole et sa petite famille. A mes enfants Magali, Herveline, David qui ont accepté sans en avoir vraiment le choix la folie de leur papa. Mille excuses, je vous aime. A l’équipe du Salon de Bacchus Ce fut un plaisir de vous avoir à mes côtés. Vous avez été géniaux. Cette aventure dans l’aventure a été, vous le savez, combien importante pour la réussite du film et j’ai adoré travailler et vivre ces moments avec vous. Plein de bons souvenirs, des galères aussi et au final toujours de la bonne humeur, des rires, de la joie… Aux amis, aux partenaires, à tous ceux qui de près ou de loin ont participé à l’aventure de ce film … Je ne vais pas tous vous citer car j’ai trop peur d’en oublier mais ce fut un bonheur tout simplement de vous rencontrer, de partager, de collaborer, d’échanger, de travailler. Merci d’avoir contribué à la réussite de ce premier acte en espérant que vous aurez autant de plaisir à poursuivre l’aventure dans le second. Aux vignerons (nes) et aux agents qui les ont représentés J’ai apprécié nos rencontres, nos dégustations, nos conversations. J’en garde des souvenirs vivaces avec parfois des moments magiques qui resteront à jamais en moi. J’ai tissé des liens plus profonds avec certains mais j’aurais aimé tous vous découvrir encore davantage. Derrière chaque vigneron(ne) il y a une histoire, un chemin de vie, un être humain qui travaille la terre et fait de ses fruits le vin que l’on partage. J’aurais l’occasion certainement dans mon nouveau film de poursuivre et d’approfondir nos échanges qui ne seront plus professionnels mais n’en seront pas moins amicaux. Continuez à nous régaler et à ponctuer notre vie, nos repas de moments d’exception, d’amour et de bonheur. Aux clients Tout simplement MERCI !!! A mes anciens assistants Vous avez été à mes côtés de quelques mois à quelques années et vous avez participé à la réussite de ce long métrage. Merci, par ordre d’apparition à l’écran, à Herveline, Laurie, Laurent et Gwendolyn. Je ne cite là que ceux qui ont été salariés à la vente à la Cave. Merci également à ceux qui ont pu faire vacations, petits contrats sur le Salon, sur le Marché de Noël etc.. A Simon Comme dans le milieu du spectacle il est hors de question de souhaiter bonne chance par superstition, je te le dis par le célèbre mot de Cambronne : MERDE !!! |